ASEQ-EHAQ

L'Association pour la santé environnementale du Québec / Environmental Health Association of Québec

Sensibilités chimiques multiples

(Multiple Chemical Sensitivity)

À l’Association pour la santé environnementale du Québec, notre mission est de soutenir les personnes atteintes de sensibilité chimique multiple en leur fournissant des ressources, de l’information, de la défense des droits et de la sensibilisation. Afin d’accroître l’accessibilité de notre société pour les personnes atteintes d’hypersensibilités environnementales telles que la sensibilité chimique multiple, nous devons faire la transition vers des produits respectueux de l’environnement, les moins toxiques, sans parfum et des stratégies écologiques pour la vie quotidienne, afin de s’assurer que toutes les personnes puissent avoir accès aux espaces publics, y compris les cliniques et les hôpitaux. Notre équipe couvre de nombreuses disciplines, travaillant sur la sensibilisation, l’éducation, la recherche, la médecine et le droit, pour n’en citer que quelques-unes, afin de contribuer à ce changement et de soutenir les personnes atteintes de sensibilité environnementale et de sensibilité chimique multiple.

Nous vivons déjà les changements climatiques au Canada. Les vagues de chaleur deviennent plus chaudes et se produisent plus fréquemment. D’un point de vue clinique, cela augmente le risque d’événements de santé liés à la chaleur, comme les crampes de chaleur, l’épuisement par la chaleur et les coups de chaleur potentiellement mortels.

Nous savons que la combustion de combustibles fossiles et les processus industriels sont à l’origine de près de 80 % de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement de la planète.

Non seulement ces facteurs influencent le réchauffement de la planète, mais l’Organisation mondiale de la santé a désormais identifié la pollution atmosphérique comme l’un des cinq principaux facteurs de risque de développement de maladies chroniques non transmissibles, avec le tabagisme, la consommation nocive d’alcool, les régimes alimentaires malsains et l’inactivité physique. Ces maladies comprennent les maladies cardiovasculaires, respiratoires et neurodégénératives ainsi que les troubles du développement neurologique tels que la déficience intellectuelle, les troubles du spectre autistique, les déficits d’attention, l’hyperactivité et les difficultés d’apprentissage.

La pollution a un impact sur différentes conditions médicales car elle induit ou affecte les mécanismes physiopathologiques communs : le stress oxydatif, l’inflammation systémique et les dommages cellulaires qui en résultent, entraînant le dysfonctionnement ou la mort des cellules.

Le risque de ces troubles est également associé à des polymorphismes génétiques de détoxification.

Ce risque lié à l’exposition à la pollution est lié à la dose. Par exemple, le risque est accru en fonction de la proximité d’un grand axe routier. Néanmoins, nous pouvons encore détecter des associations positives à partir de niveaux d’exposition inférieurs aux directives ou normes actuelles de qualité de l’air.

En plus de ces risques, nous observons maintenant un phénomène émergent : le stress oxydatif et l’inflammation systémique induits par les produits chimiques, qui peuvent déclencher la sensibilisation des récepteurs sur les cellules qui sont chimiosensibles. Le résultat est une condition appelée sensibilité chimique multiple (SCM/MCS). Ces patients présentent également un stress oxydatif, une inflammation systémique, une probabilité accrue de polymorphisme pour une mauvaise détoxification et un traitement anormal des odeurs chimiques.

Plus d’un million de Canadiens sont atteints de SCM/MCS (Statistique Canada 2020). Malheureusement, un manque d’information et de connaissances sur la façon de fournir des soins médicaux à ces personnes a été documenté dans le rapport du récent groupe de travail sur la santé environnementale établi par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario.

En fait, des appels à l’amélioration de l’éducation médicale en matière de santé environnementale ont été lancés à deux reprises par l’Institute of Medicine des États-Unis ainsi que par des organismes professionnels de pédiatres, d’obstétriciens et de gynécologues, et de médecins de famille.

Malheureusement, cette éducation est encore largement absente. La preuve en est donnée par les résultats d’une étude publiée en 2019 dans le Canadian Family Physician. Les auteurs ont examiné la formation, les attitudes et les connaissances en matière de santé environnementale des résidents en médecine familiale de la première à la troisième année dans 4 programmes de formation ontariens.

Le résultat ? Les résidents manquent à la fois de formation et de mentorat. Par exemple, même si 92 % des résidents pensent qu’il est important de recueillir les antécédents en matière d’exposition environnementale, seuls 18 % d’entre eux ont reçu une formation spécifique sur la manière de le faire.

Plus significatif encore, les résidents ont estimé que les connaissances de leurs superviseurs en matière de santé environnementale étaient faibles. Pourtant, ils ont continué à utiliser leurs superviseurs comme deuxième source d’information la plus fréquente lorsqu’ils étaient confrontés à un problème clinique.

La ressource la plus fréquemment utilisée pour répondre à une question clinique sur la santé environnementale est l’Internet. En fait, la ressource Web la plus utilisée était le site d’abonnement UpToDate.

La section sur la SCM/MCS n’est manifestement pas « à jour ». Les citations de la littérature sont inadéquates, sans aucune mention de :

  • les multiples études cas-témoins démontrant une sensibilisation aux récepteurs chimiosensibles,
  • la prédisposition génétique à un phénotype de détoxification médiocre.
  • le stress oxydatif mesuré et l’inflammation systémique,
  • et le traitement anormal des odeurs dans le cerveau, comme le démontrent les études d’imagerie par scanner cérébral fonctionnel, et comme le confirment les revues systématiques.

Par conséquent, les auteurs concluent à tort que la SCM/MCS n’est pas une condition médicale et qu’elle devrait être traitée comme un trouble somatoforme. En conséquence, le Groupe de travail sur la santé environnementale de l’Ontario, mandaté par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario, a signalé que les patients atteints de SCM/MCS font l’objet d’une stigmatisation, d’une discrimination et d’un manque d’adaptation importants de la part des fournisseurs de soins de santé, en raison du manque de reconnaissance du fait qu’ils souffrent d’une véritable maladie physique. Le groupe de travail a conclu que la sensibilisation (français) est une première étape essentielle pour améliorer les soins.

En fin de compte, il existe des lacunes considérables dans les connaissances, l’enseignement efficace et les compétences en matière de pratique clinique nécessaires pour prévenir et gérer les affections liées à l’exposition.

Nous savons qu’il existe des obstacles au changement dans l’éducation des étudiants en médecine et des résidents, notamment le manque de temps ou d’expertise.

Malgré ces défis, nous avons besoin de champions au sein du corps professoral et d’un leadership institutionnel pour surmonter ces obstacles reconnus.

Le temps est venu d’intégrer la santé environnementale dans la formation médicale.

Pour en savoir plus sur l’Association pour la santé environnementale du Québec et la SCM/MCS.