Questions et réponses d’ordre biologique sur la sensibilité chimique multiple (SCM)
Questions et réponses d’ordre biologique sur la sensibilité chimique multiple (SCM)
Project d’Épauler la Communauté et Retirer les Barrières (ECRoB)
Qu’est-ce que la sensibilité chimique multiple (SCM) ?
La SCM est un état de santé acquis, récurrent et chronique qui affecte différents systèmes d’organes (Gouvernement de l’Ontario, 2018). Elle est associée à une exposition à un agent chimique, biologique ou physique unique ou répété et se définit par des signes et symptômes dermatologiques, allergiques, gastro-intestinaux, rhumatologiques, endocrinologiques, cardiologiques et neurologiques. (Damiani G., et al. 2021)
Quelles sont les causes de la SCM ?
Nous reconnaissons aujourd’hui la présence de nombreux produits chimiques nocifs dans nos environnements quotidiens et qui ont un impact sur notre santé. La recherche explore la façon dont ces produits chimiques affectent les mécanismes de défense de notre corps, en tenant compte des facteurs génétiques et des conséquences métaboliques. Le domaine de la toxicologie a évolué, s’éloignant des modèles simplistes de la maladie.
Quels sont les déclencheurs courants de la SCM ?
Les déclencheurs de la SCM peuvent varier considérablement d’une personne à l’autre. Les déclencheurs les plus courants chez les personnes atteintes de SCM sont :
- les fragrances, les eaux de Cologne, les huiles essentielles, l’encens
- les produits pétrochimiques ou issus de la pétrochimie
- les moisissures
- les pesticides
- la fumée
- plastiques
Comment la SCM est-elle diagnostiquée ?
Il n’existe pas de test médical standardisé pour diagnostiquer la SCM. La SCM est largement diagnostiquée sur la base de la présentation des symptômes (Bartha et al. 1999). Si un médecin soupçonne qu’un facteur environnemental est à l’origine du problème de santé d’un patient, il examine généralement de près les antécédents médicaux et l’exposition, en procédant à un examen physique et en prescrivant des tests de laboratoire de routine.
Quelles sont les principales caractéristiques de la SCM selon les études de consensus validées ?
Le consensus validé de la définition de la SCM reste non réfuté dans la littérature publiée plus de vingt ans après sa publication et est couramment utilisé dans les études de recherche sur la SCM. (Molot, 2023)
Le consensus validé de la définition de la SCM s’est appuyé sur des travaux antérieurs et comprend des critères qui reflètent un modèle de présentation des symptômes observé de manière cohérente à l’échelle internationale. Il a été approuvé par 34 cliniciens et chercheurs nord-américains qui, collectivement, se sont basés sur l’expérience de milliers de patients atteints de SCM. (Molot, et al., 2023). Ces critères ont été validés par l’Unité de recherche sur l’hypersensibilité environnementale (EHRU) de l’Université de Toronto, financée par le ministère de la Santé de l’Ontario (McKeown-Eyssen et al., 2000). Les critères sont les suivants :
- Les symptômes sont reproductibles lors d’une exposition chimique [répétée] ;
- L’affection est chronique ;
- De faibles niveaux d’exposition [inférieurs à ceux tolérés précédemment ou habituellement] entraînent la manifestation des symptômes ;
- Les symptômes s’améliorent ou disparaissent lorsque les incitants sont supprimés ;
- Les réactions se produisent à de multiples substances chimiquement non apparentées ;
- Les symptômes touchent plusieurs systèmes d’organes.
Quels sont les symptômes de la SCM ?
Les symptômes de la SCM peuvent varier de légers à graves et peuvent inclure des maux de tête, des vertiges, de la fatigue, des problèmes respiratoires, des problèmes cognitifs et des réactions cutanées. Ces symptômes se manifestent généralement lors de l’exposition à des déclencheurs. (ASEQ, 2012).
Comment la SCM est-elle traitée ?
Il n’existe pas de traitement de guérison connu pour la SCM. La meilleure façon de gérer cette condition médicale est d’éviter les facteurs déclenchants en utilisant des produits sans parfum, à faible taux d’émission et les moins toxiques. La prise en charge de la SCM repose sur des changements de mode de vie, des stratégies écologiques saines pour la vie quotidienne, axées sur le choix des produits, l’alimentation biologique, l’air pur, l’eau propre et un logement sain. Il est conseillé de consulter un professionnel de la santé qui connaît la SCM.
La sensibilité chimique multiple (SCM) est-elle reconnue comme un handicap ?
La sensibilité chimique multiple (SCM) est un handicap reconnu par la Commission canadienne des droits de la personne et est protégée par la Loi canadienne sur les droits de la personne comme tout autre handicap (CCDP, 2007 ; ACHRU, 2007).
Peut-on prévenir la sensibilité chimique multiple (SCM)?
Pour prévenir la SCM, il faut maintenir une qualité optimale de l’air intérieur par le choix des produits. Choisissez des produits sans fragrances, à faibles émissions et les moins toxiques pour tous les besoins et toutes les applications. Prenez l’habitude de toujours lire les étiquettes, d’éviter l’écoblanchiment, de vous fier aux logos certifiés et d’investir dans des produits biologiques ou sains qui ne libèrent pas de produits chimiques toxiques dans votre espace de vie.
Que dois-je faire si je soupçonne être atteint de SCM ?
Si vous pensez être atteint de SCM, consultez un professionnel de la santé qui connaît bien la sensibilité chimique multiple (SCM). Il peut vous aider à établir un diagnostic, à gérer votre espace de vie, à vous aider sur votre lieu de travail et dans d’autres lieux tels que les établissements d’enseignement, et à améliorer votre mode de vie.
La SCM est une condition médicale et un handicap reconnu, dont le niveau de reconnaissance et de compréhension varie. Elle peut avoir un impact significatif sur la vie d’un individu. Consultez des professionnels de santé compétents et des groupes de défense des patients pour obtenir des conseils et du soutien. Restez informé des dernières recherches et options de traitement, et explorez des stratégies pour atténuer l’impact de ce handicap.
Références :
Alberta Health. (2021). Sensibilité chimique multiple : revue de la littérature et état de la science. En anglais seulement.
https://open.alberta.ca/publications/multiple-chemical-sensitivity-literature-review-State-of-science.
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Association pour la santé environnementale du Québec / Environmental Health Association of Québec. (2023).
Extrait de https://www.aseq-ehaq.ca.
Bartha et al. (1999). Sensibilités chimiques multiples : Le consensus de 1999. Archives de la Santé Environnementale, mai/juin 1999 ; 54(3), 147-149. En anglais seulement.
Loi canadienne sur les droits de la personne (LCDP) (2007).
Commission canadienne des droits de la personne (CCDP) (2007).
Commission canadienne des droits de la personne. (2019). Politique concernant l’hypersensibilité environnementale.
https://www.chrc-ccdp.gc.ca/fr/ressources/publications/politique-concernant-lhypersensibilite-environnementale.
Damiani, Giovanni, Marco Alessandrini, Daniela Caccamo, Andrea Cormano, Gianpaolo Guzzi, Andrea Mazzatenta, Alessandro Micarelli, Alberto Migliore, Alba Piroli, Margherita Bianca, Ottaviano Tapparo, et Paolo Daniele Maria Pigatto (2021.) « Italian Expert Consensus on Clinical and Therapeutic Management of Multiple Chemical Sensitivity (SCM) » International Journal of Environmental Research and Public Health 18, no. 21 : 11294. En anglais seulement.
https://doi.org/10.3390/ijerph182111294
Gouvernement de l’Ontario, Ministère de la santé et des soins de longue durée. (2018). Rapport final du groupe de travail sur la santé environnementale. P. 13.
https://www.ontario.ca/fr/page/rapport-final-du-groupe-de-travail-sur-la-sante-environnementale
Lacour, M., Zunder, T., Schmidtke, K., Vaith, P. et Scheidt, C. (2005). Multiple Chemical Sensitivity Syndrome (MCS) – suggestions for an extension of the US MCS-case definition. International Journal of Hygiene and Environmental Health, 208(3), 141-151. En anglais seulement.
McKeown-Eyssen, G. E., Sokoloff, E. R., Jazmaji, V., Marshall, L. M. et Baines, C. J. (2000). Reproducibility of the University of Toronto self-administered questionnaire used to assess environmental sensitivity. American Journal of Epidemiology, 151(12), 1216-1222. En anglais seulement.
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Miller, Claudia. (1997). Toxicant-induced loss of tolerance–an emerging theory of disease ? Environ Health Perspectives. 105 Suppl 2(Suppl 2):445-53. doi : 10.1289/ehp.97105s2445. PMID : 9167978 ;
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Molot, J., Sears, M. et Anisman, H. (2023). La sensibilité chimique multiple : Il est temps de rattraper la science. Neuroscience and Biobehavioral Reviews, 151, 105227.
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Tiré de https://www.womenscollegehospital.ca/wp-content/uploads/2022/06/ESMCSStatusReportJune22011.pdf. En anglais seulement.