Votre voix compte
Est-ce que quelqu’un s’en soucie ?
Renée Gabrych
Le manque d’accommodement pour un handicap
Ginger Major
Je suis fatiguée de vivre un enfer
Olly Gabrych
Crise du logement pour les personnes atteintes de SCM/MCS
Line
La vie volée
S. Shepherd
Une Morte Vivante
Qu’est la sensibilité aux produits chimiques (MCS)
Sylvie Haché
Nulle part où courir, nulle part où se cacher
Muriel Létourneau
Quand la vie devient un cauchemar
Mon histoire de vie avec des sensibilités chimiques multiples
Danielle Castonguay
Je souffre trop, je ne peux plus me taire !
Je me sens inspirée d’une mission
Line
Quand la « maladie invisible » devient visible
– ou –
Une dame monstrueuse vient nous visiter
Lisa Edelsward
L’histoire d’une enseignante
Marlene
Vivre avec l’impression d’être en sursis
Isabelle Martineau
Le MCS : UN HANDICAP QUI CHANGE LA VIE
Ruth Woitowitz
Exister (et non « vivre ») avec la sensibilité chimique multiple (MCS)
Ruth Woitowitz
Une des chanceuses !
Debra Aronson
Mon parcours de malade
Sophie M.
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L’histoire d’une enseignante
Marlene
Je fus enseignante dans le domaine de l’éducation spécialisée pendant de nombreuses années. Ma carrière connut bien des succès car j’étais talentueuse et compétente dans mon travail. Vers la fin des années 1970, mon mari et moi avons entrepris de réaménager et rénover des maisons pour revente. Nous utilisions les produits qui étaient alors disponibles sur le marché sans en connaître la toxicité. À la fin des années 1980, mon mari et moi avons quitté le Québec pour emménager en Nouvelle-Écosse. Après avoir repeint et reverni une maison l’hiver, j’ai soudainement ressenti de vives réactions à plusieurs produits. Ma vie commençait à changer, et pas pour le mieux. J’ai éprouvé des difficultés dans certaines fonctions cognitives. Je ne pouvais plus conduire la voiture, car j’avais roulé tout droit en brûlant des feux rouges, j’avais pressé sur l’accélérateur au lieu des freins et défoncé la porte du garage. Je savais que j’éprouvais de sérieux ennuis, mais je ne comprenais nullement ce qui s’était réellement passé.
Un médecin m’a recommandé une clinique au Mexique et nous nous y sommes rendus. Trois semaines plus tard, je m’étais si bien rétablie que je suis rentrée chez moi.
Nous nous sommes tous deux inscrits à un cours sur l’immobilier et nous avons alors entamé une nouvelle carrière ainsi qu’une nouvelle vie. J’en ai goûté tous les aspects et j’ai bien apprécié ces petites entreprises pour lesquelles nous avons travaillé. Dans ma quatrième année, j’ai une fois de plus éprouvé un malaise sur le plan cognitif. Je ressentais maintenant de nombreux symptômes face à certains produits tels la cigarette, le parfum, la fumée des foyers et la moisissure dans des maisons de clients, ainsi que d’autres produits chimiques. La situation semblait empirer à tel point que je fus contrainte d’abandonner le travail et chercher de l’aide.
Les seize années suivantes furent consacrées à des démarches éprouvantes, alors que je consultais médecin après médecin ne pouvant diagnostiquer mon mal ou me venir en aide. J’ai expérimenté de multiples traitements naturels mais rien n’a réussi. Ce qui m’a obligée de consulter à nouveau les médecins, qui m’ont réitéré les mêmes propos. À ce moment-là, je ressentais une vive brûlure partout sur la peau. C’était comme si on m’avait brûlé vive. J’ai pu cependant bénéficier à mon domicile des services d’un intervenant, qui grâce à l’acuponcture a pu néanmoins soulager cette brûlure. À la suite de ce traitement et grâce à quelques somnifères, j’ai joui d’un certain répit et réussi à dormir la nuit.
Inutile de dire l’enfer que je vivais. J’ai perdu beaucoup de poids en très peu de temps. Mon corps se tordait de douleur, mes fonctions cognitives se brouillaient davantage, des produits toujours plus nombreux déclenchaient chez moi des réactions plus pernicieuses. Je passais mon temps à courir dehors dans la campagne et à tremper mon visage dans l’eau glacée des lacs et rivières.
Malheureusement, la maison de mon voisin fut une nuit complètement incendiée. Pendant environ six mois mon état s’est aggravé. Une telle exposition aux multiples produits chimiques brûlant dans la maison voisine, ainsi que le diesel des camions de pompiers, le dynamitage et la reconstruction de cette propriété devenaient trop nocifs pour ma santé. Je ne pouvais ouvrir ni portes ni fenêtres en raison des odeurs extérieures déjà mentionnées. Peu importe les efforts que je déployais, je ne pouvais obtenir assez d’air pour oxygéner mes poumons. Ma vie devenait intolérable et insupportable.
Puis une personne rencontrée à tout hasard m’a remis un article de journal dans lequel une femme témoignait avoir tenté mettre fin à ses jours tant elle ne pouvait plus rien tolérer. Une telle intolérance la rendait littéralement incapable de trouver un endroit convenable pour vivre. Elle ne pouvait tolérer aucun savon, aucune fumée de cigarette, ni aucune odeur de tapis, parfums, ou gaz d’échappement provenant du voisinage. Elle avait déménagé à de nombreuses reprises et ressentait un profond désespoir. J’ai compris que je vivais la même situation que cette dame. À la fin de l’article était publié le numéro de téléphone de l’Association pour la santé environnementale du Québec (ASEQ-EHAQ). J’ai donc immédiatement communiqué avec cette Association et on m’a répondu aussitôt. Je fus référée à plusieurs médecins connaissant bien cette problématique des hypersensibilités environnementales.
On m’a donc porté secours et j’ai pu ainsi apprendre à me libérer de ces toxines, et à en faire autant pour mes vêtements et mon domicile. Et surtout comment choisir des produits sains pour diverses fonctions, telles le nettoyage, l’entretien ménager, l’hygiène personnelle, etc. Ces médecins m’ont aidée en me renseignant sur la moisissure et comment on peut nettoyer et soumettre sa maison à divers tests en toute sécurité. Ils m’ont appris à percevoir mes intolérances alimentaires dès qu’elles survenaient, pour ainsi éviter ces aliments qui les déclenchaient. Et bien plus encore… Un long et pénible cheminement vers le rétablissement s’est donc amorcé grâce à l’ASEQ-EHAQ. J’étais soulagée de constater que tous ces malaises n’étaient pas le fruit de mon imagination. J’ai appris de ces médecins que plusieurs citoyens souffraient d’hypersensibilités environnementales au Québec, et bien davantage au Canada si l’on en croit Statistique Canada.
Sans l’Association, je n’aurais jamais survécu. Je mène toujours une vie pénible, mais je bénéficie d’un meilleur soutien. J’ai même pu rencontrer d’autres personnes vivant la même problématique et je ressens donc moins mon isolement et mon exclusion sociale. L’ASEQ-EHAQ est la plus grande source d’espérance pour tous ceux qui souffrent de ces malaises si débilitants déclenchés par l’exposition aux produits chimiques couramment utilisés et aux moisissures. L’Association organise aussi des conférences et des ateliers virtuels ou « en présentiel ». Des ateliers montrent aux personnes atteintes d’hypersensibilités environnementales comment gérer leur handicap le plus adéquatement possible et ils traitent des aspects biologiques, sociaux et juridiques de cette problématique. Une ligne téléphonique est disponible pour divulguer tous les renseignements nécessaires et apporter soutien et réconfort. Le site internet de l’Association publie l’ensemble des informations disponibles à l’heure actuelle. Et ils font bien davantage ! L’ASEQ-EHAQ en a sauvé plusieurs. Je suis l’une de leurs bénéficiaires des plus reconnaissantes. Merci, ASEQ-EHAQ !