Que sont les hypersensibilités environnementales/sensibilités chimiques multiples (SCM/MCS) ?
Description des hypersensibilités environnementales/sensibilités chimiques multiples (SCM/MCS)
Nulle part où aller, nulle part où se cacher
Les hypersensibilités environnementales/sensibilités chimiques multiples (SCM/MCS) sont un ensemble de réactions aux agents environnementaux incluant les produits chimiques, les aliments et les agents biologiques, à des niveaux d’exposition tolérés physiquement par la plupart des gens.
La SCM/MCS est une condition douloureuse, chronique et multi système qui peut se développer chez des personnes de tous âges, souvent à la suite d’une exposition massive unique ou d’expositions répétées de faible niveau à des produits d’usage courant et à des substances chimiques couramment libérées dans l’environnement.
Les SCMMCS peuvent survenir lorsque des personnes deviennent sensibles à des substances de la vie quotidienne et qu’elles en sont atteintes à des niveaux d’exposition considérés comme acceptable par la plupart des gens. Les réactions peuvent être déclenchées par des produits parfumés (produits personnels, shampoing, antisudorifique, crèmes, eau de Cologne, adoucisseur de vêtements, etc.), des produits de nettoyage, des détergents, des peintures, des produits dérivés du pétrole, de la fumée de cigarette, des pesticides, des animaux domestiques, des plantes, des solvants, des moisissures, de la nourriture ou des additifs, etc.
Les symptômes possibles comprennent notamment :
- Système nerveux – exacerbation de l’odorat, difficulté de concentration et de mémoire, perturbations dans l’humeur et les fonctions mentales, maux de tête, douleur, nervosité, hyperactivité, agitation, insomnie, dépression, manque de coordination ou d’équilibre, anxiété, convulsions, acouphènes, fatigue, tension, confusion, pertes de mémoire, étourdissements.
- Appareil respiratoire supérieur – congestion et démangeaison nasales, oreilles bouchées, congestion, douleur et infection au niveau des sinus.
- Appareil respiratoire inférieur – toux, respiration sifflante, essoufflement, oppression thoracique, asthme, bronchites ou pneumonies fréquentes.
- Yeux – yeux rouges et larmoiement, yeux cernés, douleur aux yeux, vision trouble
- Appareil digestif – Salivation abondante, Brûlures d’estomac, nausées, ballonnements, constipation, douleurs abdominales, diarrhée.
- Glandes endocrines – fatigue, léthargie, fluctuations de la glycémie.
- Appareil locomoteur – douleurs articulaires et musculaires, contractions, spasmes ou faiblesse musculaire.
- Appareil cardiovasculaire – rythme cardiaque rapide ou irrégulier, extrémités froides, hypertension ou hypotension.
- Peau (système tégumentaire) – rougeurs (sur tout le corps ou sur des régions isolées comme les oreilles, le nez ou les joues), urticaire, eczéma, autres éruptions cutanées, démangeaisons.
- Appareil génito-urinaire – besoin fréquent et urgent d’uriner, spasmes douloureux de la vessie.
Certains facteurs susceptibles de provoquer des hypersensibilités environnementales/sensibilités chimiques multiples (SCM/MCS) :
- Exposition à des produits chimiques (tels que des solvants et des pesticides) ou à des contaminants biologiques comme la moisissure.
- Exposition prolongée de faible intensité à des substances dangereuses. Exposition chronique de faible intensité, au travail ou chez soi.
- Exposition massive unique comme dans le cas d’un déversement de produits chimiques.
Impact Social
Les effets des SCMMCS peuvent être dévastateurs. Des personnes très productives deviennent subitement ou graduellement intolérantes à leur environnement de travail, leur maison, aux milieux écoliers et hospitaliers ainsi qu’aux endroits publics. Souvent les employeurs, qu’ils soient conscients du problème ou non, peuvent refuser d’effectuer les changements nécessaires pour permettre à leurs employés de continuer à travailler dans des conditions plus saines. Plusieurs personnes hypersensibles perdent leur emploi s’ils ne peuvent obtenir des conditions de travail plus propices. D’autres perdent leur maison. Trop souvent leurs économies y passent et certains s’endettent pour essayer de créer des conditions de vie plus saines et pour payer leurs traitements. Ces traitements peuvent être très coûteux et difficiles à obtenir et doivent être combinés à l’évitement des agents perturbateurs.
La condition de certains malades s’améliore après plusieurs années, s’ils sont capables de se trouver un milieu de vie sain et s’ils peuvent trouver (et se permettre) des traitements qu’ils peuvent tolérer. Il est triste de remarquer que malgré leurs talents ou leur niveau d’éducation élevé, plusieurs finissent sur l’aide sociale. Presque tous doivent s’isoler socialement car ils doivent se retirer des endroits et des activités qu’ils aiment. Pour plusieurs le malheur s’étend à la perte du conjoint, de la famille et des amis qui ne peuvent pas comprendre la maladie.
Ce handicap est invisible, mais il est réel. Tout comme les autres handicapés, les gens qui sont atteints de SCM/MCS ont des besoins particuliers qui comprennent (de façon non limitative) : des logements sains de façon à ce que leur corps puisse guérir, des produits sans danger pour leur santé à un prix abordable, des groupes de soutien, un système de soutien, des lieux de réunion sains, des traitements publics gratuits, des hôpitaux sains, des écoles et des endroits publics sains et des lieux de travail adéquats.
Comme tous les Canadiens, nous avons droit à des traitements non discriminatoires, ce qui signifie le droit à un lieu de travail accessible et à des services publics. Notamment, les SCMMCS ont été reconnues comme une invalidité par la Commission canadienne des droits de la personne et par plusieurs commissions provinciales des droits de la personne.
Les conséquences de la non-reconnaissance
La vie de l’individu atteint de SCM/MCS devient insupportable, surtout dans un monde qui dépend si fortement des produits chimiques et des rayonnements électromagnétiques.
Des choses simples que l’on tient pour acquises comme un film ou une soirée au théâtre, un dîner avec un compagnon ou une transaction bancaire et faire les courses pour l’essentiel devient impossible.
En raison d’un manque d’accommodement sur le lieu de travail, beaucoup se retrouvent au chômage ou sous-employés. Cela peut entraîner la pauvreté et l’itinérance en raison d’un manque de logements sains. Vivre et dormir sur une véranda, une tente ou dans la voiture, se produit. Souvent, l’individu est constamment malade en raison de l’exposition à des produits émanant d’appartements voisins et il est courant que les personnes souffrant de cette condition soient obligées de se déplacer d’un endroit à l’autre dans le but de trouver un logement approprié et sain.
« Nulle part où aller, nulle part où se cacher » devient une réalité et à moins que la personne ne puisse trouver un logement sain, un traitement et une compassion appropriés pour les énormes pertes qu’elle a subies, elle est isolée et exclue de la société.
Le manque d’informations appropriées sur l’état de santé peut également conduire à la désintégration de la famille.
Le manque de reconnaissance, de traitement et de services sociaux cause également des dommages physiques, émotionnels et sociaux. L’ASEQ-EHAQ témoigne du fait qu’il y a une progression constante de la rupture de la communication au sein des systèmes de soutien social, en raison d’un manque de sensibilisation et d’éducation, laissant l’individu très malade seul et vulnérable à la négligence et aux abus.
Impacts économiques
Les coûts de cette condition médicale sont incalculables: augmentation des dépenses du système de santé dues aux visites médicales répétées avec peu de résultats, perte d’opportunités (des professionnels formés ne peuvent plus travailler), des travailleurs de la santé sont détournés d’autres conditions, stress social causant des conflits familiaux, perte de qualité de la vie, etc.
Une étude datant de l’année 2000 démontre des milliards en coûts directs et indirects à travers le Canada, provenant de :
- Perte de productivité
- Opportunités manquées
- Base d’imposition plus faible
- Coûts évitables en soins de santé
- Paiements pour invalidités
Kassirer J and Sandiford K. Socio-Economic Impacts of Environmental Illness in Canada. 15-11-2000. The Environmental Illness Society of Canada.
The Centers for Occupational and Environmental Health, University of California. GREEN CHEMISTRY: Cornerstone to a Sustainable California, January 2008. Voir: http://coeh.berkeley.edu/greenchemistry/briefing/
Il a été démontré que prendre soin de cette condition a un impact économique positif. Selon l’Environmental Health Centre de la Nouvelle-Ecosse (NSEHC), l’utilisation du réseau de la santé par les personnes diagnostiquées de HCM était presque le double de la moyenne provinciale. Après traitement à la clinique NSEHC, l’utilisation du réseau de la santé revenait à la normale. (Fox et al. 2007)
Prévention
Notre environnement extérieur peut devenir notre environnement intérieur. Pour cette raison, nous devons insister pour de l’air pur, de l’eau pur et de la nourriture saine. Votre qualité d’air intérieur dépend de ce vous y insérez. Il est donc avantageux pour votre santé d’utiliser des produits moins toxiques pour les soins personnels, le nettoyage et l’entretien. Portez attention au taux d’humidité et assurez une ventilation adéquate pour prévenir la moisissure et diminuer la pollution intérieure. Si vous avez une infestation de moisissure, faites appel à une compagnie fiable pour en faire l’analyse et le nettoyage. Informez-vous des meilleures solutions pour régler le problème et ainsi protéger votre santé.
Au besoin, recherchez le meilleur système de purification d’eau. Des études ont démontré que plusieurs produits artificiels, incluant certains médicaments, peuvent se retrouver dans l’eau du robinet. Évitez d’utiliser des contenants de plastique pour conserver l’eau. Le verre, la céramique ou l’acier inoxydable sont préférables. Les aliments biologiques représentent un des meilleurs investissements pour votre santé. Pensez à congeler des aliments biologiques achetés à la ferme pour passer l’hiver. La prévention en matière d’hypersensibilité environnementale touche tous les aspects de notre vie. Regardez ce que vous utilisez et l’impact de ces produits sur vous, vos voisins et votre entourage. Comme on dit, une once de prévention vaut une livre de soins.
Aide aux personnes atteintes d’hypersensibilités environnementales/sensibilités chimiques multiples (SCM/MCS)
L’ASEQ-EHAQ reçoit beaucoup d’appels à l’aide de personnes atteintes de SCM/MCS. Il n’y a pas de centre de traitement pour ce genre de cas au Québec. Les médecins n’ont pas reçu la formation pour diagnostiquer et traiter ces malades. Généralement, les hôpitaux ne sont pas non plus équipés pour recevoir les hypersensibles, alors que le droit à des soins de santé est pourtant un droit fondamental.
En Ontario, la Clinique de santé environnementale de l’hôpital Women’s College de Toronto, mandatée et subventionnée par la province, offre diagnostics, support et aide aux personnes atteintes de SCM/MCS. De plus, on y fait aussi de la recherche et on y organise des ateliers et de la formation pour les facultés de médecine.
Il est temps maintenant que le Québec prenne soin des gens qui sont malades à cause d‘expositions environnementales.
Si vous, votre famille ou vos amis avez des SCM/MCS, nous vous invitons à nous contacter pour obtenir de l’aide. Nous avons également besoin des talents et des compétences de ceux qui vont bien, que vous soyez de la famille ou des amis qui souhaitent aider, ou que vous soyez simplement préoccupés par les effets de l’environnement sur la santé humaine.