ASEQ-EHAQ

L'Association pour la santé environnementale du Québec / Environmental Health Association of Québec

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Le 29 juin 2021, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a publié un rapport qui conclut que la sensibilité chimique multiple (SCM/MCS) est causée par l’anxiété. Le rapport n’a pas tenu en compte l’expertise des chercheurs et des médecins ayant une formation en SCM/MCS, ainsi que des personnes ayant une expérience vécue de la SCM/MCS. En conséquence, le rapport n’a pas inclus ou a mal interprété plusieurs études critiques et pertinentes qui démontrent une sensibilisation chimique biomédicale. En ignorant ces faits critiques, la conclusion de ce rapport a le potentiel de causer un préjudice immense aux personnes atteintes de SCM/MCS à l’avenir.

Avant la publication de ce rapport, les personnes atteintes de SCM/MCS étaient ignorées. Le lien entre l’apparition de symptômes dans plusieurs systèmes corporels et l’exposition à divers produits chimiques environnementaux a été notée depuis les années 1960 par des experts médicaux et des chercheurs, ainsi que par des patients. Cependant, cette population n’a reçu aucun des soutiens ou investissements nécessaires en matière de soins de santé, de services sociaux, de recherche ou de logement. Il en résulte des taux élevés d’itinérance et de chômage parmi les personnes atteintes de SCM/MCS. Beaucoup d’entre elles sont également stigmatisées par la société en générale, sans parler des professionnels de la santé qui ne croient pas à la gravité de cette condition médicale, ce qui laisse les personnes atteintes de SCM/MCS sans soutien et livrées à elles-mêmes. Le déni continu de leur condition médicale entraîne le rejet constant des demandes d’adaptation ou d’accommodement pour l’accessibilité, malgré la prévalence croissante de ce handicap selon l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de Statistique Canada (ESCC 2015-2016, 2020). Près d’un million de Canadiens âgés de 12 ans et plus (940 500, ou 3,1 % de la population) ont reçu un diagnostic de SCM/MCS par un professionnel de la santé (ESCC, 2015), avec une prévalence similaire trouvée en 2016 (1 008 400, ou 3,3 %), et en 2020 (1 130 800, ou 3,5 %), touchant principalement les femmes (72 %) avec un nombre important (49 %) de personnes âgées de plus de 55 ans (ESCC, 2020). Ce rapport n’aborde pas l’impact qu’aura ses conclusions sur les demandes d’accommodements, de soins de santé ou de soutien pour cette population, malgré les recommandations des experts pour réduire les expositions aux produits chimiques.

Il est bien connu qu’éviter des agents sensibilisants et déclencheurs, tels que certains produits chimiques, constitue la meilleure gestion de la SCM/MCS. Avant l’apparition de ce problème de santé, les personnes atteintes de SCM/MCS étaient des citoyens actifs qui soutenaient et participaient à leurs communautés. Aujourd’hui, ces mêmes personnes demandent l’élimination des obstacles afin de pouvoir rester en bonne santé et de continuer à participer à la vie de leurs communautés.

Nous devons écouter les voix de personnes atteintes de SCM/MCS et mettre en œuvre immédiatement des solutions sans parfum et moins toxiques. En raison du manque de contribution des experts en SCM/MCS et des personnes ayant une expérience vécue de ce handicap, le rapport n’a pas réussi à faire les recommandations nécessaires pour réduire l’exposition à des substances chimiques. La mise en œuvre de ces recommandations aurait été bénéfiques non seulement pour les personnes atteintes de SCM/MCS, mais également pour la santé et le bien-être de tous.

Cet appel à l’action est soutenu par des scientifiques et des médecins qui ont lu ce rapport et ont identifié ses nombreux défauts. Un résumé de ces défauts a été rédigé et peut être consulté ici : https://aseq-ehaq.ca/pdf/Response_INSPQ_Short-Summary_FR.pdf. En fin de compte, le rapport ignore des découvertes scientifiques essentielles et ne servira pas à aider les personnes atteintes de SCM/MCS, ni à informer correctement les personnes sur cette condition médicale. Nous vous demandons instamment de retirer ce rapport du site Web de l’INSPQ pour éviter de nuire davantage à la vie des personnes atteintes de SCM/MCS dans le monde entier.

En fin de compte, le Québec doit soutenir la protection des droits de la personne et respecter le droit international dont le Canada (et donc le Québec) est signataire. Le Canada a ratifié la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées en 2010, et en 2019, le projet de Loi sur l’accessibilité est devenu une loi, assurant l’accessibilité et la protection des personnes handicapées. Ce rapport met en question ces engagements, voir les ignorent, ce qui crée encore plus d’obstacles pour ces personnes en difficulté qui souffrent de SCM/MCS.

Je suis extrêmement préoccupé par ce rapport et je veux savoir comment vous allez soutenir cette communauté à l’avenir. Je vous demande instamment de tenir compte du leadership scientifique des experts dans le domaine pour :

  • reconnaître la SCM/MCS comme et une condition médicale, et rendre obligatoires les solutions les moins toxiques et les espaces sans parfum pour les services essentiels, notamment les soins de santé ;
  • retirer le rapport de l’INSPQ sur la SCM/MCS de son site Web, et le réviser et le mettre à jour, en consultant des experts , des chercheurs, des médecins, des groupes en SCM/MCS et des personnes ayant une expérience vécue de cette condition médicale ;
  • créer un soutien juridique, social et médical approprié pour cette population afin de lutter contre la stigmatisation et garantir sa santé et son accessibilité à la société en général ;
  • consulter les groupes et les personnes atteintes de SCM/MCS afin de garantir l’accessibilité et le soutien social de cette population ;
  • assurer l’accès à un logement et à des soins de santé appropriés pour toutes les personnes atteintes de SCM/MCS ;
  • soutenir sans délai le projet de logement de l’ASEQ-EHAQ et fournir le soutien approprié afin d’assurer son achèvement rapide pour fournir du logement, la santé, et le bien-être pour cette population handicapée.

Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire cette lettre. J’attends avec impatience un Québec accessible qui protège tous ses citoyens.